Apocalypse Now
Francis Ford Coppola, USA, 1979o
En 1969, en pleine guerre du Vietnam, le capitaine Willard est chargé de liquider le colonel Kurtz, un renégat qui s'est isolé du commandement militaire américain dans la jungle avec sa troupe personnelle. Willard et son équipage remontent une rivière à bord d'un bateau de patrouille, et le voyage se transforme de plus en plus en une descente aux enfers qui révèle l'horreur et l'absurdité de la guerre.
Voyage au bout de l'enfer, Le retour, Platoon, Né un 4 juillet... Dans les années qui suivirent la fin de la guerre du Vietnam (1975), le cinéma du Nouvel Hollywood, critique envers la société, s'est penché à plusieurs reprises sur ce traumatisme national, qui révéla la nature illusoire, naïve et manipulatrice de la représentation que les Américains se faisaient d'eux-mêmes en tant que police mondiale garante de la liberté, légitimée par son régime démocratique, en lutte contre les régimes communistes maléfiques. La libre adaptation par Francis Ford Coppola du roman de Joseph Conrad Au cœur des ténèbres (1899), dont la trame est transposée du Congo colonial à la guerre du Vietnam, demeure la plus marquante de ces œuvres. Le film raconte l'histoire d'un officier américain chargé secrètement de liquider un colonel américain, fondateur d'un royaume régi par d'étranges rituels archaïques dans la jungle. Au cours d'un voyage en bateau de patrouille, la troupe est constamment confrontée aux horreurs de la guerre, personnifiées de manière inoubliable par un officier autoritaire (Robert Duvall) et son équipe, qui font retentir la Chevauchée des Walkyries de Wagner durant une attaque d'hélicoptère meurtrière uniquement pour surfer sur la plage occupée. Cet exemple témoigne du peu d'intérêt dont témoigne Coppola, comme la plupart de ses contemporains américains, pour le contexte politique de la guerre – intérêt encore moindre pour la perspective vietnamienne sur le conflit. Le voyage dans les ténèbres psychiques des GI n'en que plus fort. Il se termine logiquement par la capture de Marlon Brando en seigneur de guerre terré dans une grotte, capable seulement de marmonner des bribes de phrases énigmatiques.
Andreas Furler