A létezés eufóriája
Réka Szabó, Hongrie, 2019o
La réalisatrice Réka Szabó, qui est aussi chorégraphe, cumule pour ce film les deux casquettes. Dans The Euphoria of Being, elle réunit deux femmes, Éva Fahidi, survivante d’Auschwitz de près de 90 ans, et la jeune danseuse Emese Cuhorka, avec lesquelles elle répète le spectacle de danse «Sea Lavender», une chorégraphie sur la vie d’Éva.
Des documentaires sur des projets de théâtre, de danse et de musique il en existe beaucoup, qui malheureusement souvent se ressemblent. Ce film en revanche est différent: tout d’abord, de par son double rôle de réalisatrice et de chorégraphe, Réka Szabó dispose d’une grande marge de manœuvre: elle filme elle-même les répétitions, créant ainsi un espace très intime, ce qui permet au spectateur de voir à travers ses yeux et d’être au plus proche. Deuxièmement, elle place la merveilleuse Éva Fahidi au centre, ne se limitant pas à son projet chorégraphique, mais offrant un portrait de la vieille dame. Elle laisse cette dernière raconter son vécu sans se centrer (uniquement) sur le terrible traumatisme de l’holocauste dans lequel la jeune femme a perdu toute sa famille. La charismatique Éva revient sur l’ensemble de sa vie, méditant également sur ce que signifie être une femme, vieillir, ne plus être si mobile. Dans la jeune et tout aussi charismatique danseuse Emese Cuhorka, elle retrouve en partie sa soeur, qui n’avait alors que 11 ans. Mais la jeune femme est également le reflet de sa propre jeunesse. Un magnifique projet et un merveilleux film, à la fois intime et universel.
Brigitte Häring