Saint Omer
Alice Diop, France, 2022o
Rama, romancière d’une trentaine d’années, assiste au procès de Laurence Coly aux assises de Saint-Omer. Celle-ci est accusée d’avoir tué sa fille de quinze mois en l’abandonnant sur une plage du nord de la France, au moment où la marée montait. De cette histoire, Rama voudrait écrire une adaptation contemporaine du mythe antique de Médée. Mais au cours du procès, rien ne se passe comme prévu. C’est finalement son propre rapport à la maternité que le huis clos du procès vient questionner.
Dans ses précédents documentaires, la réalisatrice franco-sénégalaise Alice Diop explorait les conditions de vie des immigré.e.s africain.e.s dans les villes et les banlieues françaises. Dans sa première oeuvre fictionnelle, elle entremêle les préoccupations d'une écrivaine en devenir à celles d'une jeune mère accusée d'avoir tué son bébé. Au cours de son observation du procès, l'autrice se rend compte que, malgré sa situation personnelle difficile, elle dispose de la protection et de l'environnement social qui faisaient complètement défaut à la jeune mère isolée. Avec cette introspection pénétrante, Diop a remporté quatorze prix internationaux, dont un Lion d'argent à la Mostra de Venise.
Andreas FurlerSemé de silences parlants et de détails visuels puissants, le film s’enrichit, chemin faisant, de plaidoiries où l’émotion affleure, intense. À croire que le cinéma d’Alice Diop, unique en soi, au croisement du documentaire et de la fiction, a des pouvoirs magiques.
Alexis CampionSaint-Omer est un long-métrage frontal, direct. Les plans le plus souvent fixes, empêchent la dispersion. A l’image de Florence (Guslagie Malanda, impressionnante) C’est pourtant un vrai film de procès, avec sa quête de vérité, où les circonvolutions sont nombreuses.
Thomas Baurez