Divertimento
Marie-Castille Mention-Schaar, France, 2023o
À 17 ans, Zahia Ziouani rêve de devenir cheffe d’orchestre et sa sœur jumelle, Fettouma, violoncelliste professionnelle. Bercées depuis leur plus tendre enfance par la musique classique, elles souhaitent à leur tour la rendre accessible à toutes et tous. Avec détermination, passion et courage, elles se lancent dans un incroyable projet : créer leur propre orchestre "Divertimento". Mais peut-on nourrir de telles ambitions en 1995 quand on est une femme, d’origine algérienne, et qu’on vient de Seine-Saint-Denis ?
Depuis au moins Les Choristes, le cinéma français use souvent et abuse parfois d’une même formule narrative, comme s’il s’agissait de la recette du succès : des personnages issus de milieux défavorisés sont initiés à l’art, ce qui leur permet de s’accomplir. Divertimento, l’un des derniers exemples en date de cette tendance, est basé sur un cas réel : la découverte de la musique classique par les sœurs jumelles Zahia et Fettouma Ziouani, filles d’une famille algérienne, qui au milieu des années 90 créèrent un orchestre symphonique dans le neuf trois au prix d’une lutte contre les discriminations de classe, de genre et de race qu’elles subissaient. Le film se distingue par la qualité de sa direction d’acteurs.rices, parmi lesquel.le.s brillent Oulaya Amamra (César du meilleur espoir féminin en 2017) en jeune cheffe d’orchestre débordante de talent, et Neils Arestrup en mentor d’abord condescendant, puis encourageant. Si le film est loin d’avoir atteint un public aussi nombreux que Les Choristes il y a près de vingt ans, Divertimento, avec l’élégance de sa narration, la puissance de ses personnages et son final en musique, a pourtant toutes les qualités d’un authentique succès populaire à la française.
Emilien Gür