The Quiet Girl
Colm Bairéad, Irlande, 2022o
Irlande, 1981, Cáit, une jeune fille effacée et négligée par sa famille, est envoyée vivre auprès de parents éloignés pendant l’été. Mais dans cette maison en apparence sans secret, où elle trouve l’épanouissement et l'affection, Cáit découvre une vérité douloureuse.
Le cinéma, c’est l’enfance, sa vulnérabilité, sa solitude. Nul ne le savait mieux que Charles Laughton dans La nuit du chasseur et ses images hallucinées de la traque de deux enfants par leur beau-père maléfique. Aujourd’hui, Colm Bairéad s’en souvient dans un beau premier film, The Quiet Girl, chronique de l’été d’une petite fille confiée par son père abusif à des parents éloignés, un couple au passé douloureux qui a tout son amour et rien d’autre à offrir à la fillette, tranquille, comme l’indique le titre, mais qui court vite. À l’image du film : sage, maîtrisé, délicat, il frôle le zèle mais se rattrape par des écarts salutaires où le monde s’offre comme un empire de signes indéchiffrables, parce que vu par l’enfant, sous la forme de plans sur des éléments inanimés (des cigarettes écrasées et leurs cendres observées durant un trajets en voiture, ou un coin de ciel aperçu par la fenêtre), montés comme des haikus. De pures présences. Les choses sont là, pourquoi les interpréter ? Opaques, belles et solitaires, leurs qualités sont celles de l’enfance. Faussement tranquilles, donc.
Emilien Gür