Bonnard, Pierre et Marthe
Martin Provost, Belgique, France, 2024o
Pierre Bonnard ne serait pas le peintre que tout le monde connaît sans l’énigmatique Marthe qui occupe plus d’un tiers de son œuvre. Maria Boursin, alias Marthe de Méligny, s'est fait passer pour une aristocrate italienne ruinée le jour où ils tombèrent fous amoureux l’un de l’autre. Elle ne savait pas encore qu’elle allait devenir le pilier d’une œuvre gigantesque, aujourd’hui considérée comme l'une des plus importantes du début du XXe siècle.
Comme le titre l'indique, ce film ne traite pas seulement du célèbre artiste post-impressionniste Pierre Bonnard, mais aussi de son amante, muse et compagne de longue date, Marthe, qui fut également peintre et devint tardivement l'épouse de Bonnard. Mais ce n'est pas tout à fait vrai non plus : le film tourne surtout autour de cette dernière. Elle en est le personnage central, non seulement en tant que source d'inspiration de l'œuvre du peintre, mais aussi comme personnalité haute en couleur et riche en contradictions, dotée d'une vie propre affirmée. Martin Provost réussit ce tour de force sans plaquer sur son personnage des projections féministes contemporaines. Avec Séraphine, le cinéaste avait déjà réalisé en 2008 le biopic d'une femme peintre, récompensé par sept Césars. Avec Bonnard, Pierre et Marthe, il signe un film d'amour beau et touchant, même si Cécile de France et Vincent Macaigne ne parviennent pas toujours à relayer la vie intérieure complexe de leurs personnages.
Till Brockmann