Le médium
Emmanuel Laskar, France, Suisse, 2024o
Michael cumule les tracas. Il n’accepte ni sa rupture amoureuse, ni l’héritage de sa mère récemment décédée : le don de communiquer avec les morts. Débordé par son chagrin, il refuse d’assumer sa vocation de Médium. Mais sa rencontre avec Alicia, jeune artiste charismatique convaincue de la présence de son mari décédé, va le pousser à changer d’avis.
À la mort de sa mère, médium, tout le monde attend que Michael, seul héritier de ses dons, en fasse profiter le commun des mortels. En plein deuil, celui-ci s’y refuse jusqu’au jour où une artiste le sollicite: depuis qu’elle a perdu son compagnon, elle entend des bruits étranges – des sortes de gémissements orgasmiques – dans sa maison au bord de la mer. Séduit par la jeune femme, le quadragénaire accepte de l’aider. Ce qui s’ensuit relève autant de la comédie romantique que du film fantastique, spectres à l’appui, mais porte surtout l’empreinte de deux géants du cinéma comique: Nanni Moretti et Jacques Tati. Devant la caméra, Emmanuel Laskar s’apparente à une version plus douce de Michele Apicella, personnage des premiers films de Moretti. Comme son aîné transalpin, le réalisateur et acteur franco-suisse trimballe sa grande carcasse athlétique, las des autres et de soi. La maison de l’artiste, vaste demeure en béton entourée d’une piscine, convoque en revanche le souvenir des jeux poétiques de Jacques Tati avec l’architecture – et donne lieu à l’un des gags les plus réussis du film: lors d’une séance de spiritisme, en lieu et place de l’esprit de son compagnon, c’est le chien de la jeune femme qui se manifeste en tombant dans la piscine. Parmi les fantômes qui se manifestent à l’écran, on ne s’étonnerait pas de voir apparaître celui de Monsieur Hulot.
Émilien Gür