Les pistolets en plastique

F Watchlist

Comédie macabre où l’on dissèque des cadavres tout en s’indignant de la fascination pour la violence dans la culture populaire, où l’on arrache des yeux à la petite cuillère avant de parler du mérite des verrines et où l’on ne se gêne pas de raconter à son voisin les détails de son anatomie à la suite d’une déchirure vaginale. Le réalisateur et metteur en scène de théâtre Jean-Christophe confie détester les bons sentiments. Librement inspiré par l’affaire Xavier Dupont de Ligonnès, soupçonné d’avoir assassiné sa femme et ses enfants en 2015 avant de disparaître dans la nature, Les pistolets en plastique lui donne en partie raison. Car c’est dans le registre du sordide que le cinéaste trouve matière à ses meilleurs gags, quand bien même ceux-ci sont purement gratuits, à l’instar de la scène où la concierge du tueur se livre à une apologie de son ancien voisin qui, selon elle, avait de bonnes raisons d’en avoir marre de sa femme et ses gosses avant d’invectiver tout le voisinage. On regrette toutefois que le rythme survolté du film n’échappe pas in fine à l’essoufflement, conséquence de son auto-injonction d’être constamment déjanté. On dira qu’il s’agit d’un écueil inévitable lorsque la mécanique de l’humour trash tourne à vide, que l’esprit punk se transforme en posture cool et donc aussi inoffensive que des pistolets en plastique. On ne dira pas pour autant avoir boudé le plaisir procuré par cette comédie aussi noire qu’hédoniste, servie par une ribambelle de comédien·ne·s en grande forme dont la joie à avoir participé au projet est contagieuse.