A Real Pain

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Si Woody Allen n'avait pas (plutôt mal) vieilli depuis les années 1990, il ferait peut-être aujourd'hui des films comme Jesse Eisenberg, acteur rendu célèbre par son rôle dans le film The Social Network. Les deux ont en commun des racines juives, entretenues uniquement sur le plan culturel, et un physique insignifiant compensé par d'incessantes réflexions ironiques sur la nature douteuse du monde en général et sur ses propres insuffisances en particulier. Dans son deuxième film en tant que réalisateur, Eisenberg incarne un juif américain parti pour un voyage mémoriel en Pologne en hommage à sa grand-mère récemment décédée, accompagné de son cousin et d'un petit groupe. Le voyage, bien sûr, mène vers de douloureuses marques du passé, du ghetto de Varsovie à la maison natale de la grand-mère – laquelle se révèle être tout sauf mémorable –, en passant par un cimetière historique et le camp de concentration de Majdanek. Nommé aux Oscars pour le meilleur scénario, le réalisateur oscille avec assurance entre le comique et le tragique, la légèreté et la gravité, et sait aussi faire taire ses protagonistes bavards face à la tragédie de leurs ancêtres. Mais le véritable centre de gravité du film est Kieran Culkin, l'autre cousin: un éternel adolescent qui dit tout haut ce qu'il pense, oscillant de manière imprévisible entre euphorie et accès dépressifs, et qui, par sa franchise, séduit ou agace tour à tour son entourage. Nommé aux Oscars pour sa performance pour ce second rôle en vérité principal, il reprend ici avec quelques variations son personnage de «missile non guidé» de la série Succession et donne au titre du film son double sens: tourmenté par une véritable douleur et, en même temps, «une vraie plaie».