Ghostlight

F Watchlist

À peine distribué en Suisse ces derniers temps, le cinéma américain indépendant retrouve un peu de couleurs. Pour preuve, ce très aimable Ghostlight, troisième long-métrage d'Alex Thompson, co-réalisé par sa scénariste (et compagne) Kelly O'Sullivan. Ce couple du Midwest basé à Chicago y raconte l'histoire de Dan Mueller, un solide quinquagénaire qui travaille sur des chantiers de voirie. Quelque chose mine cet ouvrier silencieux en famille, marié à une enseignante et accablé d'une fille rebelle qui risque l'expulsion de son école. Un jour que sa colère déborde en pleine rue, Rita, une petite dame qui a assisté à la scène, l'entraîne dans un local proche. C'est ainsi qu'à l'insu de tous Dan se joint bientôt à une troupe de théâtre amateur qui répète... Roméo et Juliette de Shakespeare! Une tonalité réaliste très terre-à-terre se colore alors peu à peu par la grâce de cette pièce magique venue d'ailleurs, d'un autre temps. Et comme tout éveil d'une âme par la découverte de la culture, c'est beau à voir; d'autant plus que dans le cas de Dan, cette tragédie classique résonne dans sa propre vie et va exercer un effet cathartique. Lorsque le parallèle devient un peu trop évident, le film dévoile certaines ficelles de scénario «feelgood», où rien ne saurait résister au fait de monter ensemble un spectacle, et du coup ses limites: si Hollywood produisait encore ce type de films, sans doute ces cinéastes y seraient-ils déjà. Mais rien que pour le plaisir de constater qu'il y a encore des gens normaux aux États-Unis et pour la délicatesse avec laquelle tout ceci est raconté, Ghostlight mérite d'être découvert.