Hors du temps
Olivier Assayas, France, 2024o
Avril 2020, en plein lockdown. Paul, réalisateur, et son frère Etienne, journaliste musical, sont confinés à la campagne dans la maison où ils ont grandi, avec leurs nouvelles compagnes Morgane et Carole. Chaque pièce, chaque objet leur rappellent les souvenirs de leur enfance, leurs parents, leurs voisins... Alors que le monde qui les entoure devient de plus en plus inquiétant, leurs faits et gestes quotidiens se teintent d'irréalité, voire d'une inquiétante étrangeté.
Durant la récente pandémie de coronavirus, une large partie de l'humanité vivait recluse. Hors du temps procède à une fictionalisation des souvenirs de confinement du cinéaste Olivier Assayas (Sils Maria, Personal Shopper, Doubles vies), dont le personnage d'Etienne, joué par Vincent Macaigne, constitue un possible alter ego. Réalisateur de métier, il passe ce temps suspendu dans la maison de son enfance à la campagne avec sa jeune compagne documentariste (Nine d'Urso), son frère journaliste musical (Micha Lescot) et l’ancienne maîtresse de celui-ci (Nora Hamzawi). Le film est ponctué de discussions sur le rock des années 90, le cinéma muet et la littérature japonaise, quand il n’est pas question de commandes sur Amazon, de respect des gestes barrières et du tri des déchets. Sous le nombrilisme social pointe une douce méditation sur les lieux de l’enfance, les liens familiaux et le rapport au temps. Il en résulte un film aussi léger que la période dont il témoigne fut grave, à mi-chemin entre une comédie huppée allénienne et un conte rohmerien.
Emilien Gür