The Graduate
Mike Nichols, USA, 1967o
Benjamin Braddock, un étudiant fraîchement diplômé, ne sait pas quoi faire de son avenir. Lors d'une soirée mondaine chez ses parents où il vagabonde, il fait la connaissance de Mrs Robinson, l'épouse du patron de son père. La femme, d'âge mûr, entreprend de séduire le garçon et y parvient très rapidement. Mais les choses se compliquent lorsque Monsieur Robinson demande à Benjamin de sortir avec sa fille.
Une comédie romantique inoubliable dans laquelle l'amour dans l'esprit de 1968 est placé tout contre la bourgeoisie pompeuse de l'après-guerre et ses deux poids deux mesures - est finalement remis en question. Sa sortie fut certes un événement médiatique et succès au box-office, mais le film brille encore aujourd'hui par une multitude d'observations aiguës et de situations de comédies subtiles sublimées par la bande-son entêtante et entraînante de Simon & Garfunkel.
Andreas FurlerPied-de-nez au classicisme hollywoodien, Le Lauréat détourne à la fois les étapes dramatiques classiques (la rencontre, le quiproquo, le départ, les retrouvailles) et les symboles sociaux les plus marqués (notamment dans l’utilisation grotesque de la figure christique finale) pour mener ses personnages vers un ailleurs bien moins rose qu’il n’y paraît. Mike Nichols ne s’est pas fait ici le porte-drapeau d’une génération qui devait gagner, qui devait changer le monde ; mais dépeint une génération qui, faute de pouvoir changer ce monde, préfère s’en construire un autre, plus instable, presque nostalgique, dans lequel la sortie de l’enfance est effectivement libératrice, et un tantinet douloureuse.
Ariane BeauvillardBravant le puritanisme hollywoodien (un garçon couche avec une mère puis tombe amoureux de sa fille, on n’avait jamais vu ça sous les sunlights !), Mike Nichols cisèle son gentil brûlot aux petits oignons. Un scénario bien ficelé, démarrant comme un vaudeville et se terminant dans la grande tradition du burlesque ; pas un plan qui ne soit travaillé (parfois un peu trop) ; en BO, les chansons (inoxydables) de Simon et Garfunkel ; un montage bluffant d’habileté (le traitement des ellipses devrait être décortiqué dans toutes les écoles de cinéma) ; et surtout des comédiens à tomber par terre, tous inconnus, tous venant du théâtre. Crevant l’écran, Dustin Hoffman, dont c’est le premier film, devient la star que l’on sait et l’acteur emblématique de la décennie à venir. A elle seule, son extraordinaire prestation - de moche et mou il devient beau et fort au fur et à mesure qu’il prend son destin en mains - vaudrait plus qu’un détour.
Marianne SpozioDer Film ist nicht lustig aufgrund von visuellen Gags, Pointen oder anderem ermüdendem Müll, sondern weil er eine Haltung hat. Damit ist gemeint, er ist gegen etwas. Humor ist naturgemäss subversiv, egal was Doris Day sich denkt. (...) Mike Nichols macht nie eine Pause um sicherzugehen, dass alle den Sinn verstanden haben. Er erklärt nichts für die Begriffsstutzigen. Er entschuldigt sich nie. Benjamins Ehrlichkeit und Verlegenheit sind so akkurat dargestellt, dass wir nur schwer wissen, ob wir lachen oder in uns selbst blicken sollen
Roger Ebert