Midas Man
Joe Stephenson, GB, 2024o
Brian Epstein, un marchand de meubles et de disques bien élevé originaire de Liverpool et issu d'une famille juive respectable, propose ses services aux Beatles en tant que manager en 1961. Grâce à son engagement, ils enchantent le monde entier. Brian, qui doit cacher son homosexualité, consomme de plus en plus de somnifères et de stimulants pour maintenir son rythme de vie effréné. Alors que le monde entier est aux pieds des Fab Four, sa crise s'aggrave. – Disponible uniquement en version doublée en français!
Disquaire de Liverpool, Brian Epstein est celui qui, en 1961, reconnut le potentiel des Beatles. Endossant le rôle d’infatigable manager, il les mena vers la gloire mondiale. Le biopic consacré à cet homme toujours impeccablement vêtu, issu d’un milieu juif bourgeois, se révèle parfois laborieux: les inserts documentaires ne sont pas toujours très heureux, les acteurs qui jouent les Beatles peinent à convaincre, et on regrette que les innombrables tubes des Quatre garçons dans le vent ne soient entendus qu’en reprises. En revanche, les scènes où Epstein tente d’expliquer aux snobinards indifférents des maisons de disques ce qu’il y a d’innovant chez les Beatles, sont convaincantes. Il en va de mêmes pour celles où le manager lutte pour obtenir leurs premières grandes apparitions sur scène. Si Epstein ne se départit jamais de ses manières de gentleman dans ce milieu sordide – ce dont le film lui rend d’ailleurs hommage – cet homme secret, qui ne révéla jamais au grand jour son homosexualité, demeura dans sa vie privée un loup solitaire.
Ici, sa vie amoureuse destructrice est quelque peu édulcorée. La fin tragique paraît donc abrupte, mais c’est bien ainsi que les choses se sont passées: Epstein est mort en 1967, à l’âge de 32 ans, probablement par accident, victime des somnifères extrêmement aussi dangereux que courants à l’époque. Peu auparavant, ses poulains avaient été le premier groupe à faire résonner leur musique en direct sur toute la planète grâce à une liaison par satellite. Le refrain de leur tube sonne comme un commentaire amer sur la vie d’Epstein : «All You Need Is Love».
Andreas Furler