Zombi Child
Bertrand Bonello, France, 2019o
Haïti, 1962. Un homme est ramené d’entre les morts pour être envoyé de force dans l’enfer des plantations de canne à sucre. 55 ans plus tard, au prestigieux pensionnat de la Légion d’honneur à Paris, une adolescente haïtienne confie à ses nouvelles amies le secret qui hante sa famille. Elle est loin de se douter que ces mystères vont persuader l’une d’entre elles, en proie à un chagrin d’amour, à commettre l’irréparable.
Au pensionnat de la Légion d’honneur à Paris, une adolescente languit d’amour. Chaque jour, elle écrit à l’élu de son cœur, qu’elle ne peut pas revoir avant les prochaines vacances. En cours, elle fait la connaissance d’une jeune fille haïtienne, survivante du séisme qui frappa le pays en 2010, qu’elle intègre à son groupe d’amies. Au cours d’une soirée, la rescapée leur apprend que sa tante, qui s’occupe d’elle depuis la mort de ses parents, est une prêtresse vaudou, fille d'un zombi ramené d’entre les morts en 1962 pour servir dans les plantations de cannes à sucre. Le jour où elle reçoit une lettre de rupture, la jeune fille amoureuse part à la rencontre de la tante de son amie, dans l'espoir de fusionner son âme avec celle de son amant. À partir de cette intrigue de film de genre, qu’on dirait sortie de l’imagination conjointe des maîtres de l'épouvante Dario Argento et Jacques Tourneur, Bertrand Bonello (Saint Laurent) réalise un film atmosphérique qui tourne le dos au spectaculaire : tout se joue sur le fil tenu de l’étrangeté, des séquences oniriques tournées en Haïti, évocation de l'existence limbique du grand-père zombi, aux lents travellings à travers les salles de classes en passant par les réunions nocturnes du groupe d’adolescentes dans une pièce remplie de statues en plâtre éclairée à la bougie ; autant d’images qui nous hantent comme des spectres. De tous les cinéastes contemporains, Bertand Bonello est assurément celui qui croit le plus au pouvoir médiumnique de son art.
Emilien GürLe style du cinéaste, tout en beauté froide mais jamais glaciale, capte l’étrangeté, la fascination mais aussi la dimension humaine de ces zombis, immortelles métaphores de tous les maudits du monde.
Xavier LeherpeurLe film est aussi percutant lorsqu’il évoque ces jeunes filles de bonne famille qui chantent du rap aux paroles crues que lorsqu’il dépeint les croyances du vaudou. Surtout, il crée une atmosphère mystérieuse, qui nous envoûte peu à peu, jusqu’à un final troublant.
La Rédaction