Le miracle du saint Inconnu
Alaa Eddine Aljem, Maroc, France, Qatar, 2019o
Au beau milieu du désert, Amine court. Sa fortune à la main, la police aux trousses, il enterre son butin dans une tombe bricolée à la va-vite. À sa sortie de prison, l’aride colline est devenue un lieu de culte où les pèlerins se pressent pour adorer celui qui y serait enterré : le Saint Inconnu. Obligé de s’installer au village, Amine va devoir composer avec les habitants sans perdre de vue sa mission première : récupérer son argent.
La fable commence bien, comme si elle allait quelque part, précise et absurde, pleine des promesses d’une signification incertaine sinon douteuse. Et si elle va quelque part, c’est par cent chemins plus détournés les uns que les autres, chaque épisode du voisinage ajoutant un nouveau contretemps à la frustration du voleur comme à la perplexité du spectateur-exégète. Cette indécision est le principal intérêt du film, qui joue sur une déception constante, dont il annonce de toute façon la couleur en basant toute sa mystique de proximité sur un malentendu. Le ton est net, dessinant quelque chose qui rappelle un peu les corps balançant sur fond de ciel qu’on aime chez Alain Guiraudie, et qui contraste avec le flou de la quête générale de croyance et de cash.
Luc Chessel