Vitalina Varela
Pedro Costa, Portugal, 2019o
Elle arrive trop tard dans la favela lisboète, l’enterrement a déjà eu lieu. S’isolant dans ce qui fût la chambre de son mari parti des décennies plus tôt de leur Cap Vert natal, Vitalina Varela pleure sa vie perdue. Vitalina Varela est le nouvel opus radical de l’un des cinéastes les plus singuliers de sa génération, avec son formalisme impeccable et sa narration minimale.
Dans l’obscurité somptueuse d’un quartier traversé d’ombres hiératiques, soudain le rouge de draps sanglants. Arrivée trop tard, Vitalina Varela n’a plus qu’à gérer les affaires de son mari défunt. Elle ne pleurera pour aucun malheureux: face aux hommes rongés ou déchus, elle s’attelle à rebâtir, plan après plan, mur après mur, contre la triste réalité d’une vie n’ayant pu se construire au Portugal sous un toit décent, le souvenir d’une solide maison commune au Cap-Vert.
Antoine Thirion