Matto regiert
Leopold Lindtberg, Suisse, 1947o
Le détective de police Studer enquête à l'hôpital psychiatrique de Randlingen, où le directeur a été retrouvé mort et où un médecin progressiste lutte contre des méthodes de soins et de guérison dépassées. Les soupçons se portent d'abord sur Caplaun, un détenu maniaco-dépressif à qui l'on prête une liaison avec une soignante. - D'après le roman policier de Friedrich Glauser.
L’adaptation cinématographique de Friedrich Glauser du policier de même nom de 1936 n’est peut-être pas le meilleur film ou le plus connu de Leopold Lindtberg; ce fut même un véritable four financier. Mais il se révèle une histoire totalement passionnante doté d’une dense atmosphère de film-noir. Alors que l’intrigue policière passe à l’arrière-plan pendant de longs passages, Lindtberg esquisse un réseau relationnel complexe au sein de la clinique psychiatrique, que Studer, le brigadier flegmatique peine tout d’abord à désenchevêtrer. Ce ne sont pas les pensionnaires de cette «meule à encéphales» qui sont les dangereux potentiels malfaiteurs, mais les médecins avec leur suprématie d’interprétation de l’inconscient qui font bien plus que tenter d’abuser de leur puissance. Dans une diagonale qui confère un agencement instable à l’image, cet écart social se traine comme schéma visuel tout au long du film. C’est ainsi que les ombres menaçantes se décryptent comme l’indésirable de la société, la marginalisation, qui se font facilement écarter par le biais d’une institution fermée. Réalisées quasi intégralement en studio, les prises de vue contribuent en outre à une impression oppressante dans cette «surprenante maison de fous» dans laquelle «Matto», le fou, tire les ficelles.
Tereza FischerGalerie photoso





