Le bleu du caftan
Maryam Touzani, Maroc, France, Belgique, 2022o
Halim est marié depuis longtemps à Mina, avec qui il tient un magasin de caftans traditionnels dans la médina de Salé, au Maroc. Le couple a toujours vécu avec le secret d'Halim – son homosexualité – qu'il a appris à taire. Mais la maladie de Mina et l'arrivée d'un jeune apprenti bouleversent cet équilibre. Unis dans leur amour, chacun va aider l'autre à affronter ses peurs.
Les chatoyants tissus orientaux sont souvent confectionnés à partir de fils de différentes couleurs, aussi une robe "scintille"-t-elle selon l'angle de vue. C'est exactement de cette manière que chatoie le film de la scénariste et réalisatrice marocaine Maryam Touzani, pour lequel elle a remporté le prix principal de la section "Un certain regard" l’an passé à Cannes. Elle raconte avec douceur, d’abord de manière contemplative, l'histoire d'un couple d'une cinquantaine d'années qui s'est fait un nom dans la ville côtière de Salé pour leurs robes confectionnées à la main, et qui s'est accommodé en silence avec l'homosexualité de l'homme tout comme avec le cancer de la femme. Un nouveau compagnon tailleur apporte du mouvement dans cette nature morte, mais ce qui pourrait devenir un film à thème et à thèse sur les tabous de la société arabe reste riche en nuances et rend justice à tous les personnages par le dessin différencié du désir et du renoncement. Son intérêt dépasse donc de loin le fait qu'il s'agit d'un des premiers films marocains à se prononcer sans ambages en faveur de la diversité.
Andreas FurlerLa comédienne Maryam Touzani repasse derrière la caméra avec l’émouvante histoire d’un triangle amoureux dans la médina de Salé, au Maroc. Beau et sensuel comme le tissu qui donne son nom au film, et merveilleusement incarné par le comédien Saleh Bakri.
Marine Quinchon