Past Lives
Celine Song, Corée Du Sud, USA, 2023o
Nora et Hae Sung, deux amis d'enfance sont séparés après que la famille de Nora a émigré de Corée du Sud. Deux décennies plus tard, ils se retrouvent à New York pour une semaine fatidique.
Qui n'a pas connu cela ? Une amitié profonde ou un amour secret de l'enfance, qui résonne encore des décennies plus tard et dont on se demande parfois ce qu'il serait advenu si l'on ne s'était pas perdu de vue. C'est du moins ce qui arrive à l'héroïne du premier long métrage de Céline Song, Past Lives, qui – tout comme la réalisatrice – a suivi ses parents de Séoul au Canada à l'âge de dix ans et qui, à la trentaine – presque comme la réalisatrice – vit à New York comme dramaturge prometteuse et femme d'un confrère américain. Sauf que dans le cas de l'héroïne du film, la question ne reste pas silencieuse. Vingt-quatre ans après la séparation et douze ans après une phase intense de chats en ligne, l'amour d'enfance se présente à nouveau à la porte et pose, d'abord avec hésitation, puis de manière de plus en plus claire, la question fatidique : qu'en était-il autrefois, qu'en est-il aujourd'hui ? Après un début de récit sans éclat, Song s'engage dans l'exploration de sentiments contradictoires avec une sincérité et un sens des nuances impressionnants, et peut compter sur un casting fantastique : cela faisait longtemps que l'on n'avait pas vu avec autant d'intensité et de complexité le trouble affleurer derrière des visages calmes. Et cela faisait longtemps qu'on ne l'avait pas vu représenté de manière si esthétique : les décors, les couleurs, la photographie et le montage de Past Lives sont un régal. Enfin, le titre change de sens avec la dernière phrase de la dernière rencontre où, de l'évocation du passé, il devient l'invocation du futur. Ouah !
Andreas FurlerGalerie photoso





