La chimera

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Ne lisez pas ce texte si vous souhaitez savourer au mieux le nouveau film d'Alice Rohrwacher, riche en mystères et en surprises. Il n'en est que plus beau – comme tous les films – lorsqu'on ne sait pas ce qu'il nous réserve. Vu qu'il est difficile de s'en faire une idée sans un minimum de connaissances préalables, voici ce qu'on peut tout de même dévoiler : La chimera se déroule à la fin de l'époque hippie et raconte l'histoire d'une poignée d'Italien·ne·s excentriques vivant à la campagne – des outsiders qui, une fois la nuit tombée, pillent des tombes étrusques et vendent illégalement les trésors qu'ils ont déterrés. À leur tête, un étrange Anglais doté d'un sixième sens pour les objets cachés, qui sort de prison au début du film. Il se présente alors chez la mère de son amour perdu, qui le traite comme un prince héritier. En parlant de prince : l'Anglais est interprété par Josh O'Connor, qui avait brillamment incarné le Prince Charles dans 13 épisodes de The Crown. Son interprétation est grandiose, l'acteur passant d'une humeur maussade à une douceur attachante en un instant. On devine rapidement que son personnage est intéressé par autre chose que l'argent facile. Les petits malins qui l'entourent s'inscrivent dans la grande tradition de la commedia all'italiana, qui célébrait dans les années cinquante et soixante l'espièglerie anarchique des petites gens dans les conditions de vie difficiles de l'après-guerre. Rohrwacher, connue au moins depuis Lazaro felice comme brillante conteuse de fables critiques sur la société, ne s'arrête pas au simple triomphe de sa petite troupe d'anarchistes, mais leur oppose la ruse des requins les plus proches dans la hiérarchie de l'ordre social. Elle offre même à son héros une issue métaphysique à tous ses ennuis terrestres. Cela vous semble énigmatique ? Comme nous l'avons dit : voyez par vous-même, cela en vaut la peine !