Die Theorie von Allem
Timm Kröger, Allemagne, Autriche, Suisse, 2023o
1962 : lors d’un congrès de physique dans les Alpes suisses, le jeune Johannes défend une théorie sur l’existence de mondes parallèles. Mais personne n’y croit, pas même son tuteur. Les mystères s'accumulent pourtant : une curieuse formation nuageuse dans le ciel ; la présence fantomatique de Karin, cette jeune pianiste qui l’obsède et semble tout savoir de lui… Et ces personnes victimes d’accidents étranges dans la montagne ? Le réel semble bien fragile en ce lieu.
Enfin un titre qui tient ses promesses : La théorie du tout traite en effet de beaucoup de choses et de pratiquement rien. Seul le style compte, et le film en a à revendre : après une scène d'ouverture à l'esthétique télévisuelle implacable des années septante, dans laquelle un physicien dérangé venu présenter un traité de physique quantique sous forme de roman autobiographique est ridiculisé par un animateur de talk-show, l'intrigue se déplace vers un congrès de physique dans les Alpes grisonnes. Notre homme, qui y accompagne son directeur de thèse grincheux, rencontre d'étranges professeurs, des agents secrets et une femme fatale, tou·te·s sur la piste d'un étrange phénomène naturel parfois au prix de leur vie. Or cela n'a guère d'importance : le directeur de la photographie allemand Tim Kröger a conçu son troisième film en tant que réalisateur comme un labyrinthe de citations de films des années quarante, l'âge d'or du film noir. On y trouve des perspectives inclinées comme dans les films de Carol Reed, un noir et blanc cristallin digne du jeune David Lean et des allusions à Hitchcock à la pelle... Bien que les personnages restent à l'état d'esquisse et que l'histoire soit pour ainsi dire inexistante, le film est habilement conçu et agréable à regarder. Les paysages enneigés d'une grande netteté aux subtiles nuances de gris, et la débâcle de conditionnels finale, dans laquelle la vie future du protagoniste est esquissée sous forme de possibles, sont particulièrement remarquables.
Andreas Furler