Tatami

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Israélien d'origine et établi aux États-Unis depuis 2015, Guy Nattiv avait déjà montré, avec Skin (2018) et Golda (2023), son aisance à s'emparer de sujets impliquant des conflits humains et politiques complexes. Pour Tatami, il s'est associé à l'actrice et productrice iranienne Zar Amir Ebrahmi – connue pour le thriller psycho-politique Holy Spider et son rôle-titre dans le drame patriarcal Shayda –, qui co-signe le scénario et la réalisation. Dans le plus grand secret, le duo a mis en scène à Tiblissi, en Géorgie, l'histoire d'une judoka iranienne fictionelle inspirée de la lutte de sportif·ves réel·es avec le régime des mollahs : lors des championnats du monde de judo, une combattante iranienne et son entraîneuse sont en bonne voie pour atteindre les quarts de finale lorsque le régime leur ordonne de se retirer en prétextant une blessure, pour éviter un possible affrontement avec une athlète israélienne. L'entraîneuse obéit lorsque la pression monte, mais la sportive refuse, mettant ainsi en danger ses proches resté·es au pays. Les étapes de l'engrenage nous sont familières, que ce soit dans la réalité ou au cinéma, mais elles sont mises en scène de manière si saisissante, grâce à une photographie en noir et blanc sans fioritures et un format 4:3 épatant, que le film nous tient constamment en haleine avec son oscillation entre lutte sportive et combat humain et politique. On relèvera la manière intelligente dont les combats dans l'arène deviennent les miroirs d'une révolte intérieure, et la double rupture particulièrement réussie avec la dramaturgie attendue en demi-finale. Les gestes symboliques prévisibles de la rébellion ont toujours des raisons pratiques concrètes. C'est bien le drame !