Kinds of Kindness
Yorgos Lanthimos, USA, Irlande, GB, 2024o
Une fable en tryptique qui suit : un homme sans choix qui tente de prendre le contrôle de sa propre vie ; un policier inquiet parce que sa femme disparue en mer est de retour et qu’elle semble une personne différente ; une femme déterminée à trouver une personne bien précise dotée d’un pouvoir spécial, destinée à devenir un chef spirituel prodigieux.
Un homme tente de se défaire du contrôle à distance qui lui permet de gagner sa vie par un pervers multimillionnaire lorsque celui-ci veut le contraindre à un accident de voiture mortel. Après avoir sauvé de la noyade sa femme qu'il croyait morte, un policier soupçonne la rescapée d'être une étrangère et se livre à une épouvantable méthode de vérification. Une femme cherche pour une secte un nouveau leader charismatique, capable de ramener les morts à la vie, et fait une erreur fatale juste avant d'atteindre son but. Depuis l'époque d'Edgar Allen Poe ou d'Ambrose Bierce, le cinéma connaît lui aussi des spécialistes du genre de la fable macabre. Le plus célèbre d'entre eux est actuellement le Grec Yorgos Lanthimos, qui a mis en scène les anecdotes mentionnées ci-dessus, fruits de son imagination, avec entre autres Emma Stone et Willem Dafoe, deux des stars de sa précédente réalisation, Poor Things. L'atmosphère est à nouveau oppressante, la logique décalée aussi cohérente qu'étrange, mais le film donne l'impression d'avoir été mis sur pied à la hâte à la suite du dernier succès du cinéaste, simplement pour aller de l'avant. Contrairement à The Favourite ou The Lobster qui, malgré leur bizarrerie, peuvent être lus comme des paraboles sur la pression de conformité et l'abus de pouvoir, le grotesque est ici une fin en soi et n'ouvre guère de nouvelles perspectives sur les abîmes de l'âme humaine. À la fin du troisième épisode, après 165 minutes, on a déjà à moitié oublié de quoi parlaient les deux premiers.
Andreas Furler