Dis-moi juste que tu m'aimes
Anne Le Ny, France, 2025o
Au bout de quinze ans de mariage, une crise met à l’épreuve l’union de Julien et Marie. Le jour où Anaëlle, le grand amour de jeunesse de son mari, refait surface, Marie panique. Perdue dans une spirale infernale de jalousie et d’autodépréciation, elle se laisse entraîner dans une aventure avec Thomas, son nouveau supérieur hiérarchique. Celui-ci va se révéler aussi manipulateur que dangereux, jusqu’à faire basculer leur liaison dans le fait divers.
L’intrigue de Dis-moi juste que tu m’aimes relève du fait divers poisseux: inquiète que son mari Julien ne retombe dans les bras d’un amour de jeunesse, Marie se confie à son responsable RH, de passage dans la petite ville de Vannes pour un audit. Lequel, manipulateur retors, lui fait croire avoir aperçu Julien enlacer son éternelle rivale. De confident, le manager aux airs bien intentionnés devient rapidement l’amant de son employée. Entraînée dans cette liaison inattendue, Marie tente en vain de poser ses limites: le prédateur la menace de licenciement si elle ne quitte pas mari et enfants pour le suivre. Avec sa photographie terne, ses lumières hivernales et l’anonymat de ses décors, la mise en scène d’Anne Le Ny appuie le caractère sordide de son sujet. Le film nous plonge dans un milieu observé sans affection, celui de la classe moyenne provinciale où l’amour conjugal se heurte à l’usure quotidienne, les préoccupations financières et matérielles laissant peu d’espace à l’épanouissement des liens familiaux. Le bonheur du casting est relatif: si l’on a du mal à prendre au sérieux Vanessa Paradis en pseudo-femme fatale de retour dans sa ville natale et qu’Omar Sy ne parvient pas à transcender le rôle de composition qui lui est attribué – l’acteur campe une fois de plus un père de famille droit dans ses bottes –, Élodie Bouchez incarne avec une finesse rare le personnage de Marie. Le film se nourrit de la détresse émotionnelle véhiculée par l’actrice dans ce rôle de femme qui, tout au long de sa vie, s’est toujours contenté de la deuxième place. Quant à José Garcia, il campe un des personnages les plus abominables qu’on ait vus à l’écran ces derniers temps. Ce qui rend ce villain d’autant plus effrayant, c'est qu’on ne s’étonnerait pas de le croiser dans son propre bureau.
Emilien Gür