Eden
Ron Howard, USA, 2025o
Au début des années 1930, sur la petite île de Floreana, habituellement déserte, un couple de réfugiés de la civilisation, une famille de nouveaux colons allemands et une prétendue baronne intrigante et ses deux amants s'affrontèrent à tel point que certains ne survécurent pas. Ron Howard met en scène cette affaire des Galagpagos, transmise par des lettres et des journaux intimes, avec un casting de stars internationales.
Fuyant la crise économique mondiale et dans l’espoir d’y trouver un climat bénéfique, l’Allemand Heinz Wittmer s’installe en 1932 sur la petite île de Floreana, dans l’archipel des Galapagos, avec son fils atteint de tuberculose et sa seconde épouse. Le fonctionnaire administratif en vient à organiser cette fuite loin de la civilisation sous l’influence de son compatriote Friedrich Ritter, résidant depuis 1929 sur cette île alors déserte avec sa maîtresse. Dans les lettres qu’il publie, ce dernier exhale la régénération de l’homme corollaire de ce retour à la nature. La robinsonnade du couple se voit troublée par l’arrivée des Wittmer, auxquels il réserve un accueil glacial. Les animosités s’exacerbent avec le débarquement d’une baronne douteuse, accompagnée de ses deux amants. Revendiquant une partie substantielle de l’île, elle est déterminée à y construire un hôtel de luxe. S’ensuivent disputes, vols et bagarres conclues par la mort. Réalisateur chevronné, l’Américain Ron Howard (Apollo 13) a porté à l’écran cette «affaire des Galápagos» qui aura duré près de deux ans, en s’appuyant sur des journaux intimes et des lettres. Le casting réuni est pour le moins prestigieux: Jude Law et Vanessa Kirby incarnent avec brio les darwinistes sociaux Ritter, revêches et légèrement déments; Daniel Brühl et Sydney Sweeney interprètent quant à eux les Wittmer, récompensés par leur sagesse et leur application – grâce à leur rigueur toute allemande, ils s’en sortent mieux qu’attendu. Aussi amusante qu’outrancière, Ana de Armas campe une baronne lubrique et délicieusement manipulatrice. Ce quintette de stars transforme ce drame de voisinage à la structure épisodique en une solide foire aux intrigues, ponctuée de quelques scènes saisissantes de pactes avec la nature, d’enfantements et de mises à mort. On regrette que des éléments crédibles sur les techniques de survie fassent défaut. On est en revanche frappé par la folie tout à fait ordinaire dont les êtres humains sont apparemment capables dès que le fameux vernis de la civilisation se fissure. En bref, une comédie noire.
Kerstin Blank
