Mission: Impossible – The Final Reckoning

F Watchlist

Dans ce qui est censé être le dernier volet de la saga Mission: Impossible, qui offre à sa star et coproducteur Tom Cruise un terrain de jeu aux dimensions mondiales depuis 1996, les anciens adversaires et les précédentes opérations de sauvetage de l'agent secret américain Ethan Hunt sont passés en revue. Ce best of illustre à quel point le film d'action a tourné le dos au réel au cours des trente dernières années, sous le poids de l'injonction à la surenchère permanente et du recours à l'animation numérique. Ainsi, les ennemis tangibles d'alors, architectes de machinations à peu près compréhensibles, ont laissé la place à des super-méchants débarrassés de tout ancrage géographique et affranchis de toute limite. Leur ultime incarnation est une intelligence artificielle toute-puissante, déjà présente dans le précédent opus, qui cette fois s'empare du contrôle des arsenaux nucléaires du monde entier (à l'exception de l'arsenal américain, bien sûr) pour anéantir l'humanité en une seule frappe – tandis qu’elle prévoit, pour des raisons obscures, de survivre à l’hiver nucléaire dans une galerie souterraine en Afrique du Sud. En d’autres termes, on nous sert l’habituel délire apocalyptique, conclu – après 170 minutes d’action martiale et d’héroïsme acrobatique – par trois minutes de discours altruiste dégoulinant. Les trois séquences de cascades – de vingt minutes chacune et situées de manière symétrique au début, au milieu et à la fin – sont comme d'habitude spectaculaires, mais dissimulent mal la fadeur des personnages et la platitude des dialogues qui constituent la matière des 110 minutes restantes. À noter également: deux morceaux de bravoure en matière de montage, qui procèdent à des allers-retours ludiques entre des événements se déroulant à différents endroits. Autre bémol, bien que The Final Reckoning évoque sans cesse l’esprit d’équipe, celui-ci se réduit en réalité à une poignée d’exécutants dociles, chargés de préparer le terrain aux interminables exploits en solo du Messie Ethan – ou encore d'alléger ce dernier des accusations d'égotisme formulées par d’autres. Les remerciements finaux et les adieux à l’équipe sont donc rapidement expédiés: un hochement de tête, un au revoir. On soupçonne qu'il ne s'agisse pas d'une réelle fin.