The Life of Chuck
Mike Flanagan, USA, 2025o
Le monde est en train de s'écrouler: l'Allemagne est anéantie par un volcan, la Californie sombre dans l’océan et Internet est mort. Dans ce chaos, c'est étonnamment le comptable Charles «Chuck» Krantz qui rassure l'humanité. Son visage orne d'immenses panneaux publicitaires ainsi que tous les écrans de télévision, le remerciant pour ses services. Mais qui est cet homme? D'après un roman de Stephen King.
Le cinéma américain d'une certaine tenue et ambition est devenu trop rare pour bouder un film comme celui-ci, dernière adaptation en date de l'œuvre de Stephen King. Attention: pas le roi de l'horreur à l'américaine, mais l'écrivain devenu plus philosophique avec l'âge, qui s'autorise des pas de côté comme cette nouvelle en trois parties à la chronologie inversée. Malgré une narration off littéraire, cela commence très fort, avec un professeur et son ex-épouse infirmière confrontés à... la fin du monde. Presque plus étonnant encore, l'apparition sur des panneaux publicitaires et des spots TV d'un «Merci Chuck» pour presque quatre décennies de service. Ce n'est que dans la deuxième partie qu'on fait la connaissance dudit Charles «Chuck» Krantz (Tom Hiddleston), modeste employé de banque qui s'arrête soudain devant un spectacle de rue pour se lancer dans une formidable danse improvisée. Pour finir et nouer le tout, ce sera son enfance auprès de ses grands-parents, tiraillée entre la danse et les nombres, dans une vieille maison de style victorien avec une pièce interdite dans la tourelle... S'il s'agit encore de fantastique, la terreur enfantine et le deuil fondateurs débouchent cette fois sur une tonalité apaisée, presque «feelgood». Inspiré par un poème de Walt Whitman, King s'attache aux grandes questions du sens de la vie, de notre place dans l'univers et du rôle de l'imagination. Quant au réalisateur Mike Flanagan, déjà responsable de l'adaptation de Doctor Sleep, la «suite» tardive à Shining, il s'en sort plutôt bien. Si le film pourra paraître un peu trop propre et fabriqué, le récit passablement opaque et tiré par les cheveux, l'inventivité conceptuelle et la capacité à susciter des émotions restent épatants.
Norbert CreutzGalerie photoso





