Hallo Betty

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Quiconque est assez âgé pour se souvenir de la Suisse des années 1960-70 tressaillira sans doute à l’entente du mot «inratable». On le trouvait dans les brochures grâce auxquelles Betty Bossi assistait les ménagères suisses dans leur activités culinaires. Ce que peu de gens soupçonnaient alors – mais que tous les écolier·ères savent aujourd’hui – c’est que Betty Bossi est un personnage fictif, créé en 1956 par la publiciste zurichoise Emmi Creola pour promouvoir une huile alimentaire. Salut Betty raconte l’histoire de cette femme ingénieuse, qui dut s’imposer dans les années cinquante face à ses nombreux collègues masculins, avant de devenir rapidement un phénomène grâce à son «Courrier Betty Bossi» et son incarnation du personnage lors d’apparitions publiques. Elle devait alors jongler en permanence entre sa famille, un mari au succès professionnel moindre, et sa carrière. La société de production zurichoise C-Films, parfaitement rompue à ce type de sujets d’envergure nationale, ainsi que le plus grand distributeur indépendant suisse, Ascot-Elite, portent ce morceau d’histoire suisse d’émancipation féminine sur les écrans avec le soutien conséquent du propriétaire actuel de la marque Betty Bossi, Coop. Pour rendre cette «Opération Betty» proprement inratable, C-Films a de nouveau réuni le trio gagnant des Enfants du Platzspitz, à savoir le scénariste André Küttel, le réalisateur Pierre Monnard et l’actrice Sarah Spale. Le résultat est à la hauteur: le blockbuster helvétique déploie le charme de son récit tragicomique, baigné d’une lumière dorée d’émission culinaire, avec une telle douceur qu’il peut se payer le luxe d’enfoncer sereinement des portes grandes ouvertes, avec son plaidoyer en faveur de la figure de la femme d’affaires et mère de famille. La recette Betty Bossi tient la route.