Swiss Army Man
Kwan & Scheinert, USA, 2016o
C'est le moment de découvrir ou de redécouvrir le premier film délicieusement surréaliste du tandem de réalisateurs américains Scheinert & Kwan, dont le film suivant Everything Everywhere All at Once vient d'obtenir 11 nominations aux Oscars.
L'histoire se déroule sur une île déserte où Hank, naufragé, a déjà tiré un trait sur sa vie lorsqu'il est distrait par un étrange objet trouvé sur la plage : le cadavre boursouflé de Manny se révèle être un (in)mort polyvalent avec lequel il est possible de faire du bateau, de chasser, d'allumer un feu et même de communiquer. Le début d'une belle amitié.
Ne vous laissez pas tromper par un titre bizarre. Ce film sur un homme seul et isolé, pour qui un flotteur échoué sur le rivage devient son meilleur ami, n'a qu'un seul lien avec l'armée suisse, à savoir que le flotteur devient comme un couteau suisse pour l'homme naufragé : un outil polyvalent de survie, avec lequel on peut faire du bateau, allumer des feux et même nouer une profonde amitié. C'est précisément la raison pour laquelle il s'agit d'une des robinsonnades les plus fantasques et les plus merveilleuses que le cinéma ait jamais produit. Ce qui manque dans le contexte de l'intrigue et dans la production est compensé par la fantaisie narrative et des idées visuelles folles. Mais le plus merveilleux dans toute cette entreprise, c'est de voir comment l'esprit insouciant de l'adolescent à l'œuvre ici se révèle être quelque chose de profondément humain : un film fabuleux sur la croissance, le développement d'une personnalité indépendante et le rôle central que jouent les vrais amis.
Andreas FurlerPlus que d'une comédie prout-prout, un peu vulgos et hype dans ses références, le duo nous assène un portrait impitoyable d'une génération de trentenaires complètement paumée, écrasée par l'image du père, inondée de culture geek et donc fatalement coupée d'elle-même. Sorte de Seul au monde sous acides où le ballon Wilson serait remplacé par un cadavre priapique, Swiss Army Man nous bouscule en profondeur comme peu de films sont capables de le faire aujourd'hui.
Christophe FoltzerMit Sicherheit die seltsamste Variation einer Robinson-Crusoe-Geschichte, die das Kino bisher hervorgebracht hat, lustvoll zusammenfantasiert von Dan Kwan und Daniel Scheinert. Der gestrandete Hank (Paul Dano) will sich vor lauter Einsamkeit umbringen, doch dann liegt eine Leiche mit heftigen Blähungen und mächtigen Erektionen (Daniel Radcliffe) in der Brandung. Ohne Vorwarnung beginnt ein psychedelischer Trip, ein absurdes Buddy Movie, eine Tour de Force für zwei völlig unerschrockene Schauspieler. Und unbarmherzig ist es am Ende nur die Zivilisation, die im Hintergrund lauert.
Tobias KniebeDie Regisseure Daniel Kwan und Daniel Scheinert haben mit Radcliffe einen dritten Daniel an Bord geholt und einen Film gemacht, der zwar ganz schön albern ist, aber auch kreativ und sehr lustig. Irgendwann fängt die Leiche an zu sprechen, sodass sich eine wundervolle Freundschaft entwickelt – und was mit Furzwitzen angefangen hat, wird überraschend zum berührenden Drama.
Gregor Schenker