Interdit aux chiens et aux Italiens

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Seules les personnes d'un très grand âge peuvent témoigner encore aujourd'hui des difficultés et privations qui furent le lot des petits paysan et des ouvriers dans nos régions entre 1900 et 1950. Les travaux physiques éprouvants et dangereux imprimaient de leur marque le quotidien; l'hiver était la saison de la faim et du froid; les guerres et les maladies décimaient familles et cercles d'amis; l'église et la communauté apportaient un réconfort aux accents tyranniques. C'est de cette vie-là que parle le réalisateur français de films d'animation Alain Ughetto dans Interdit aux chiens et aux Italiens, à travers l'exemple de ses grands-parents. Travailleurs agricoles dans les montagnes du Piémont, ils participèrent à la construction de la route des cols, du tunnel du Simplon et de barrages en France avant de parvenir à construire une petite maison en Haute Provence, qui fut bombardée pendant la Deuxième Guerre mondiale. Le réalisateur confie à la nonna, décédée depuis longtemps, le rôle de narratrice et met en scène les souvenirs de cette dernière sous forme de film d'animation avec des marionnettes. On pourrait penser qu'il s'agit d'un enfantillage ou craindre le kitsch de la pire espèce; dans le cas présent, c'est tout simplement du grand art. Aux séquences animées Alain Ughetto mêle de manière ludique des prises de vue réelles, qui le montrent travailler à son film et discuter avec la poupée de la grand-mère. La stylisation qu'entraîne le recours à l'animation rend la dureté des événements accessible à un jeune public sans pour autant l'enjoliver, tandis que l'affinité d'Alain Ughetto pour les gags visuels crée une tonalité humoristique et chaleureuse que rehausse une bande-son inventive.