Napoleon

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The Duellists, Exodus, Gladiator, Kingdom of Heaven, 1492, The Last Duel... Le général hollywoodien Ridley Scott a déjà livré de nombreuses batailles réussies dans le domaine du film historique, parcourant pas moins de 2500 ans. À l'approche de ses 86 ans, il nous offre une épopée centrée sur le chef militaire et empereur Napoléon Bonaparte, sujet historique que Steven Spielberg tente de concrétiser depuis une dizaine d'années et sur lequel Stanley Kubrick a buté après des études préliminaires épiques. La bonne nouvelle à ce sujet : Napoleon n'est pas devenu le "Waterloo" de Scott, symbole de la défaite écrasante. La mauvaise : la version cinématographique actuelle n'en est pas si éloignée. Il est clair que Vanessa Kirby, dans le rôle de Joséphine, l'épouse temporaire et l'obsession éternelle de Napoléon, joue son rôle avec brio, et Joaquin Phoenix, grâce à un répertoire inépuisable d'idées loufoques, est époustouflant dans son interprétation du rustre corse énigmatique, du stratège génial et de l'amant pathétique. Cependant, deux problèmes dramaturgiques sont indéniables : l'histoire d'amour ressemble davantage à un soap (très amusant) qu'à un grand drame du cœur, car ses protagonistes ne donnent jamais leur maximum pour cet amour, et les batailles (brillamment mises en scène) de Toulon, Austerlitz, Borodino, Waterloo... ne sont guère situées sur la carte politique. Il en résulte un magnifique catalogue d'images, mais le grand contexte historique, ciment secret de tout film historique, est laissé de côté – et avec lui, la signification historique véritable du génie politique du grand innovateur et impérialiste sanguinaire qu'était Napoléon. La version en streaming de quatre heures annoncée corrigera peut-être cette impression. Avec AppleTV, c'est en effet, une fois de plus, un service de streaming qui a joué le rôle de studio principal. Et celui-ci n'enverra son cheval de bataille tout habillé qu'au moment où il sera le plus rentable pour lui.