Firebrand

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Henri VIII (1491-1547) était l'une des figures royales les plus flamboyantes de l'histoire anglaise, mais il est généralement classé parmi les grands despotes parce qu'au cours de ses 38 ans de règne, il est passé du statut de prince de la Renaissance à la culture humaniste et à celui de colosse tyrannique, en se fermant à six épouses, dont seule la dernière, Catherine Parr, lui a survécu. Cette fervente protestante, interprétée par Alicia Vikander, est l'héroïne de ce Jeu de la reine (Firebrand). Elle est présentée au début du film comme une réformatrice assez audacieuse qui, lors d'une campagne du roi en France, s'enfuit pour rejoindre la rebelle protestante Anne Askew, laquelle apparaît à son tour comme une agitatrice socialiste précoce promise au bûcher. Reste à savoir dans quelle mesure de telles caractérisations correspondent aux faits historiques ou si elles sont attribuées aux personnages pour une touche de modernité. Le fait est que Catherine doit elle-même lutter pour sa survie après le retour d'Henri (un Jude Law engraissé au point d'être méconnaissable), ce qui donne lieu à un jeu passionnant d'alliances et de manœuvres politiques. La photographie de la Française Hélène Louvart (La chimera, dernièrement) est un plaisir en soi, qui éclaire les somptueux décors comme des tableaux de la Renaissance avec de forts effets de clair-obscur. La beauté éthérée et la gravité d'Alicia Vikander sont également mises en valeur dans ce contexte. Ses protégés dans le film ne sont d'ailleurs pas ses propres enfants, mais ceux de la deuxième ex-femme d'Henri, Anne Boleyn (décapitée), dont une princesse adolescente qui, dix ans plus tard, montera sur le trône sous le nom d'Elisabeth I et laissera loin derrière elle la gloire douteuse de son père.